Suite de l'article sur les troubles DYS.
Etant donné que la dyslexie, notamment, est de plus en plus présente dans les classes, des professionnels de la santé se sont intéressés à mettre en place des méthode de correction.
Les uns agissent sur la proprioception (lunettes, semelles, appareil dentaire, exercices posturaux), d'autres sur l'écoute (méthode Tomatis).
Ces méthodes sont souvent lourdes à mettre en place ou nécessitent un nombre importants de séances.
L'américain, Paul Denisson, est spécialiste de l'apprentissage par le mouvement.
Ses observations ont permis de mettre en évidence la relation entre le mouvement, la perception et la cognition.
En travaillant avec des optométristes comportementaux, Paul Denisson a mis en place un programme complet de développement sensoriel avec des mouvements qui semblaient aider l'équilibre ainsi qu'à développer les compétences associées à la perception.
C'est ainsi qu'est né le Brain Gym, programme d'apprentissage basé sur le mouvement, ou éducation kinesthésique.
1. Origine des difficultés d'apprentissage.
Bien que les enfants soient des apprenants naturels, le processus d'apprentissage peut être perturbé, notamment quand l'apprentissage se fait sous stress. Et si la situation perdure, l'apprentissage devient ancré au stress. Les mouvements de Brain Gym ont alors pour but de rétablir le fonctionnement naturel de l'apprentissage et restaurer un état d'intégration.
L'être humain est conçu pour posséder soit un fonctionnement bilatéral que Paul Dennison appelle « intégration », c'est-à-dire l'utilisation de nos deux côtés, soit un fonctionnement homolatéral, spécialisé, un seul côté à la fois. La plupart de nos mouvements sont bilatéraux, par exemple pour la vision, l'audition, la coordination motrice et les mouvements physiques. Cette bilatéralité nous permet de compenser d'un côté lorsque l'autre est immobilisé. Si nous nous reposons trop sur l'un des deux côtés, nous mettons, sans nécessité, l'ensemble de notre organisme à la merci du stress, ce que Paul Dennison appelle l'état « débranché ».
L'une des raisons les plus courantes pour lesquelles l'enfant se débranche est une implication excessive dans des activités bi-dimensionnelles telles que télévision, jeux vidéo, lecture.
L'excès de posture assise a également tendance à inhiber l'intégration en interférant avec l'usage naturel des muscles du dos et des jambes. La contraction et la décontraction sont des états naturels pour les muscles. Si ces états sont supprimés ou moindre, il se produit du stress.
Les traumatismes physiques ou émotionnels, le manque d'eau ou d'alimentation correcte, l'exposition à la pollution excessive de l'environnement figurent aussi parmi les causes de « déconnexion ».
Les activités de Brain Gym peuvent aider à rebrancher les réflexes musculaires et les mouvements qui facilitent l'apprentissage.
2. Utilité des activités du Brain Gym.
Le postulat de départ est que l'enfance est faite de mouvements et de jeux, points de départ de l'expression et de l'exploration. Ces activités permettent de construire les compétences motrices globales et fines qui conduisent à la structuration de la pensée.
Les quelques études quantitatives qui ont été publiées à propos des activités de Brain Gym indiquent que les mouvements ont des effets positifs sur l'équilibre, l'écoute, la lecture, la mémoire et le temps de réaction.
Le Brain Gym comprend vingt-six mouvements.
Ceux-ci constituent un soutien au développement des aptitudes sensori-motrices -les compétences de vivacité- nécessaires pour faciliter l'apprentissage et le rendre plus agréable.
Ce type de mouvements stimule l'activité cérébrale, optimise l'apprentissage et contribue à la gestion du stress et de l'anxiété face à la performance.
De plus, outre le fait « d'éveiller » le cerveau, les vingt-six activités de Brain Gym stimulent la souplesse, la vision binoculaire et la coordination mains-yeux si indispensables à l'activité d'écriture, ainsi que la capacité à être heureux et créatifs en dépit des agents stressants de la vie moderne.
Le cerveau a un fonctionnement tri-dimensionnel, c'est-à-dire, capable d'appréhender le monde dans ses trois dimensions : droite-gauche, haut-bas, avant-arrière.
Les mouvements de Brain Gym se divisent en quatre groupes ayant chacun une fonction dans ces dimensions:
-
mouvements de la ligne médiane
-
attitudes d'approfondissement
-
exercices énergétiques
-
activités d'allongement
Dans un autre article, j'expliquerai sur quels aspects travaille chaque groupe de mouvements.
Précision lexicale:
Kinesthésie (du grec kinesis signifiant 'mouvement' et aisthesis : 'sensibilité') est un autre terme utilisé parfois à la place de proprioception. Cependant, la kinesthésie est une perception consciente de la position et des mouvements des différentes parties du corps alors que la proprioception est une perception inconsciente de ceux-ci.
Certains différencient les sens kinesthésiques de la proprioception donnant à celle-ci un sens plus général et à la kinesthésie un sens plus spécifique, en excluant par exemple le sens de l'équilibre de la kinesthésie. Une infection de l'oreille interne, par exemple, peut dégrader le sens de l'équilibre. Ceci dégradera le sens proprioceptif, mais pas le sens kinesthésique : la personne atteinte sera capable de marcher en utilisant son sens de la vue pour maintenir son équilibre, mais en sera incapable les yeux fermés (plus de perception de son corps dans l'espace).
